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La surcharge cognitive : la comprendre et la prévenir

1. La charge cognitive

Traiter l’information a un coût pour le Système 2, selon l’effort mental exigé : on appelle ce coût la charge cognitive.

On peut définir la charge cognitive de la façon suivante : c’est l’effort mental nécessaire pour traiter une quantité limitée d’informations de manière consciente, et durant un temps limité. Ceci est valable qu’importe la tâche à réaliser : la relecture d’un cours,  la résolution d’exercice, ou encore la réalisation d’une recette de cuisine ! Cela sous-entend qu’il y a donc une limitation des ressources attentionnelles et des capacités de traitement en mémoire de travail.

Le degré de charge cognitive à un instant t dépend de toutes les informations qui arrivent en mémoire de travail : plus il y en a, plus cette charge est importante !

Un certain nombre de facteurs peuvent influencer ce degré de charge cognitive :

  • L’entraînement, la consolidation et l’habitude réduisent la charge cognitive. Lorsque l’exécution d’une tâche (par exemple le calcul mental) est profondément et durablement inscrite dans la mémoire, elle est en partie automatisée et traitée par le Système 1.
  • L’environnement peut à l’inverse avoir un effet négatif en augmentant la charge cognitive. Les perturbateurs tels que les sonneries de téléphone ou les interruptions des collègues sont aussi captées par notre attention même si ce n’est pas la tâche à réaliser.
  • Enfin, être en forme permet de meilleures performances cognitives. Un état de stress ou de fatigue, va générer un effort cognitif plus important pour réaliser une même tâche pourtant simple. La gestion du sommeil et des émotions joue donc un rôle clé.

2. La surcharge cognitive

Quel que soit l’apprentissage (ou autre tâche) que vous poursuivez, il vous est sûrement parfois arrivé de ressentir un « trop plein d’informations ». Vous avez alors l’impression que « votre cerveau sature » et que vous avez du mal à réfléchir correctement. On parle alors de surcharge cognitive.

Si votre mémoire de travail est saturée par le flux d’informations sollicitant votre attention, vous, (votre Système 2), ne disposez plus des conditions pour traiter correctement l’information. Vous passez en état de surcharge cognitive.

La surcharge cognitive, appelée aussi surcharge mentale, perturbe l’ensemble des fonctions exercées par le Système 2 : régulation de l’attention et des émotions, opérations cognitives complexes, etc. La fatigue apparaît rapidement, vos émotions ne sont plus correctement régulées et vous commettez des erreurs d’exécution.

Le passage à l’état de surcharge cognitive est réversible et peut se produire en quelques secondes seulement ! Optimiser la qualité de votre apprentissage et de votre bien-être suppose de maintenir en permanence votre charge cognitive dans un état d’équilibre.

Petites subtilités :

  1. Une surcharge de travail n’entraîne pas forcément une surcharge cognitive. La charge cognitive est liée à la gestion d’une tâche précise à un moment donné (ou de plusieurs tâches en parallèle), qu’importe le nombre de tâches en attente dans notre liste de tâches à faire. À partir du moment où nous avons les ressources cognitives requises pour réaliser plusieurs tâches successives, même si elles sont trop nombreuses, on ne parle pas de surcharge cognitive.
  2. Alors que l’état de surcharge cognitive est temporaire, le burnout, ou syndrome d’épuisement professionnel, est un état pathologique global qui s’installe sur le long terme. Il peut être présent chez des étudiants ayant une grosse charge de travail et soumis à un stress chronique, parmi les étudiants de médecine par exemple. Son apparition est favorisée par une surcharge cognitive fréquente, mais combinée avec d’autres facteurs.

3. Comment est-il possible de réduire notre charge cognitive et le risque de surcharge ?

Certains facteurs peuvent aider à faciliter le traitement des informations comme :

  • L’expertise qui permet de déléguer une plus grande part du travail au Système 1
  • L’élimination des sources de perturbation : l’organisation de son environnement de travail, le mode « Ne pas déranger » de son smartphone, l’usage de bouchons d’oreille en milieu bruyant sont autant de solutions d’optimisation simples à mettre en œuvre
  • L’élimination du multitâche : le système 2 possède des ressources limitées et ne sait pas contrôler plusieurs tâches à la fois. Il est obligé de permuter rapidement d’une tâche à l’autre, ce qui rend ses performances déplorables lorsque plusieurs tâches sont engagées simultanément. Le multitâche est la plupart du temps une stratégie contre-productive, à éviter dès que possible.
  • Les méthodes d’organisation et de planification : nous vous en présenterons une à la fin de ce module.

N’oubliez jamais que

  • L’effort de traitement demandé au Système 2 s’appelle la charge cognitive
  • La charge cognitive augmente avec l’envahissement de la mémoire de travail
  • Si la mémoire de travail est saturée, on passe en état de surcharge cognitive : nous ne traitons plus correctement l’information
  • Le multitâche est beaucoup moins performant que la réalisation d’une tâche après l’autre
  • Les perturbations de l’environnement augmentent la charge cognitive

Conséquences pratiques

Lorsqu’on traite plusieurs tâches à la fois, notre Système 2 ne peut pas travailler correctement et nous ne traitons pas l’information en profondeur. C’est pour cela qu’il faut séparer les tâches et ne pas les faire simultanément. Il faut choisir ce qu’on fait et ne faire qu’une seule chose à la fois :

  • analyser les consignes/objectifs
  • écouter le cours
  • prendre des notes
  • comprendre/réfléchir sur le cours
  • faire des recherches complémentaires
  • réaliser un exercice
  • etc.

En tant qu’enseignant, il faut veiller à ne pas mettre ses étudiants en double tâche, donc leur laisser le temps de traitement chaque tâche successivement dans le déroulé de la séance et capter où est leur attention. Par exemple, dans un diaporama, il faut veiller à épurer les slides, et que les informations contenues ne soient pas en compétition avec le discours, mais le précisent. Nous verrons dans le prochain chapitre les risques d’une attention dispersée.

Pour allez plus loin, découvrez l’impact de l’usage de l’ordinateur sur les performances (Steve Masson)

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