Sommaire
Toggle1. Introduction
Nous avons vu que le test d’apprentissage est la meilleure méthode pour consolider de nouvelles connaissances.
Mais que se passe t’il quand on n’arrive pas à récupérer une information dans notre mémoire ou lorsqu’on fait une erreur ?
Lorsque la récupération n’est pas satisfaisante, c’est-à-dire lorsqu’on échoue à une partie du test, c’est que la trace mnésique est en partie effacée. Il faut alors ré-encoder l’information en accédant à la bonne réponse, c’est-à-dire en faisant une correction et donc une remise à jour de la connaissance en question.
Nous pouvons ainsi créer une stratégie très efficace en faisant des cycles étude -> test -> identification des erreurs -> correction -> re-test.
2. La problématique
La question la plus importante, comme nous allons le voir, n’est pas de savoir ce qu’on doit faire lorsqu’on échoue à une partie du test, mais plutôt, qu’est-ce qu’il faut faire lorsqu’on a réussi.
Est-ce que réussir un test est le signe que l’information est bien consolidée dans notre mémoire et que nous pouvons arrêter de la travailler définitivement ?
3. L’expérience
Pour voir si c’est réellement suffisant, nous allons comparer deux groupes à qui on donne 40 éléments à apprendre, par exemple la traduction de 40 mots français en 40 mots portugais. Chaque groupe étudie les traductions puis est interrogé, puis réétudie ses erreurs, puis est à nouveau interrogé, et ce 4 fois de suite.
Là où il y a une différence, c’est que le 1er groupe n’est interrogé que sur ses erreurs lors de sa dernière tentative, alors que le second groupe est interrogé à chaque fois sur la totalité des 40 mots à apprendre.
Est-ce que ça fait une différence dans le résultat ?
4. Résultat perçu
Eh bien, immédiatement, la diminution du nombre d’erreur est exactement la même au fil des révisions successives, alors que ceux qui se testent sur toutes les questions ont un petit peu plus de travail. Mais, l’apprentissage, ça ne nous intéresse pas pour tout de suite, non ?
Demandons plutôt aux sujets de l’expérience quelles seront, selon eux, leurs performances une semaine plus tard : que ce soit dans un groupe ou dans l’autre, leurs prédictions ne diffèrent pas significativement de 51%. Ça veut dire que la sensation d’apprentissage est exactement la même qu’on se reteste seulement sur ses erreurs ou sur la totalité du cours.
5. Résultat réel
Voyons les performances réelles de mémorisation 1 semaine plus tard.
La différence est spectaculaire : quand on se teste sur tout le contenu, et plusieurs fois de suite, on sauvegarde presque l’intégralité de l’information dans notre mémoire. Ici, 81% des informations sont récupérées par le groupe qui a toujours tout testé, alors que le groupe qui a arrêté de se tester après le premier succès a quand même perdu 66% des connaissances apprises. Cette découverte n’est pas passée inaperçue puisqu’elle a été publiée dans la plus prestigieuse revue scientifique : Science. (Karpicke & Roediger, 2008)
6. Et pour l’étape d’étude ?
Cette expérience apporte la réponse à une seconde question. Existe-t-il un bénéfice à tout relire par rapport à ne relire que les informations oubliées ?
L’expérience prouve à nouveau que la relecture n’apporte aucun bénéfice à la consolidation. Mais relire la totalité du cours à chaque fois nous coûte du temps, et c’est du temps perdu. Donc arrêtons de perdre du temps à relire la totalité de nos cours.
Par contre, plus on se teste, plus on consolide les nouvelles connaissances. Il faut de nombreux tests pour une consolidation profonde et durable, et il faut continuer de se tester même si on a l’impression qu’on sait déjà et qu’on ne fait plus d’erreurs. C’est une façon d’entretenir les connaissances déjà comprises.
Mais est-ce que c’est long de se tester sur tout un cours ?
Pour répondre à cette question, illustrons avec l’exemple d’une poésie, par exemple « Le Corbeau et le Renard » de Jean de La Fontaine. La phase d’acquisition du processus d’apprentissage est longue. Il faut répéter de nombreuses fois la poésie par petits bouts, ce qui prend vite 1 heure.
Mais, une fois cette étape passée, réciter la poésie pour voir si on la connaît ne prend pas plus de temps que de la lire : c’est-à-dire pour le Corbeau et le Renard de Jean de La Fontaine : 40 secondes chrono. Et plus on la récite, plus elle est facile et rapide à réciter : c’est l’automatisation. Le Système 1 prend peu à peu le pas sur le Système 2.
Dans la plupart des cours, la majorité des informations sont explicatives et souvent, apprendre profondément les 20% d’informations clés est largement suffisant pour pouvoir expliquer son cours. Une fois ces informations identifiées, se les réciter, c’est-à-dire faire du rappel libre, devient beaucoup plus rapide que relire le cours.
Réciter un cours qu’on a correctement appris ne devrait donc pas prendre plus que quelques minutes. Mais ces quelques minutes permettront la consolidation de l’information dans la mémoire pour des semaines, des mois, voire des années. Nous allons voir dans la prochaine vidéo comment potentialiser cet effet avec l’autocorrection.
N’oubliez jamais
Ne se tester que sur une partie de nos connaissances nous donne l’illusion du progrès mais ne donne pas une consolidation durable de l’apprentissage
En se testant plusieurs fois sur tout, on arrive à une consolidation vraiment durable de l’apprentissage
L’apprentissage profond et durable mène à l’automatisation : ce qui demandait un effort devient de plus en plus facile et automatique.
Maintenir sa connaissance grâce à du rappel libre finit par ne pas prendre plus de temps que de relire son cours.
Bibliographie
Karpicke, J. D., & Roediger, H. L. (2008). The critical importance of retrieval for learning. Science, 319 (5865), 966–968.