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Toggle1. La carte conceptuelle
La carte conceptuelle, ou concept mapping, est une technique de structuration arborescente des idées. Elle consiste à identifier les concepts clés et à les représenter de façon hiérarchique et associative. Elle met l’accent sur la synthèse des idées principales, des thèmes et des relations ce qui nécessite l’élaboration de modèles mentaux.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Carte_heuristique
Les travaux de recherche portant sur la réalisation de cartes conceptuelles et l’apprentissage montrent que c’est un outil d’apprentissage efficace (Hattie, 2012). Néanmoins, pour en tirer un réel bénéfice, il faut l’inscrire dans une démarche de récupération.
Intuitivement, notre Système 1 nous suggère l’idée qu’il suffit de comprendre pour apprendre. Comme la carte conceptuelle aide à structurer sa pensée, on tombe vite dans le travers de croire que réaliser une bonne carte conceptuelle d’un cours garantit un apprentissage durable.
Une publication dans Science de Karpicke compare l’apprentissage durable, c’est-à-dire les performances à distance de l’apprentissage, entre réaliser une carte conceptuelle avec le matériel d’apprentissage sous les yeux, et la pratique du rappel libre. Encore une fois, les prédictions des apprenants témoignent de l’illusion d’apprentissage procurée par l’élaboration d’une carte conceptuelle avec le cours sous les yeux : 75% d’entre eux pensent mieux apprendre lorsqu’ils créent une carte conceptuelle que lorsqu’ils font du rappel libre. En réalité, lorsqu’on leur demande la réalisation d’une carte conceptuelle une semaine plus tard sur le sujet appris, ce sont ceux ayant appris avec le rappel libre qui sont les plus performants.
La façon la plus efficace d’utiliser la carte conceptuelle est de la combiner avec de la récupération. Pour ça, il suffit tout simplement de créer sa carte conceptuelle sans avoir son cours sous les yeux. Si le sujet du cours vous semble trop ardu et que vous n’arrivez pas à faire la carte conceptuelle sans le cours, vous pouvez vous aider du cours pour corriger et compléter ce que vous avez commencé de tête.
2. Se poser des questions, élaborer des explications
Lorsque vous lisez ou relisez un cours ou une fiche de cours, ou lorsque que vous visualisez une vidéo, la simple exposition à l’information ne produit ni prédiction ni feedback. Pour apprendre plus vite, nous avons déjà vu le principe de récupération. Voici deux autres méthodes qui ont fait leurs preuves et qui vont faire fonctionner vos modèles mentaux : se poser des questions, et élaborer des explications.
Se poser des questions consiste à extraire des questions de ce que nous sommes en train d’étudier. Vous pouvez le faire tout de suite, là maintenant en vous demandant : quel genre de questions est-ce que je peux me poser ?
Avez-vous remarqué que les enfants posent des questions sur tout ? Ils sont en train d’enrichir leurs modèles mentaux. Pour se poser des questions, il faut commencer par reconnaître son ignorance : nous ne connaissons souvent qu’une infime fraction des sujets que nous étudions. Se poser des questions permet également d’éveiller notre intérêt pour ce que nous apprenons, ce qui est une clé de la motivation.
L’impact des questions sur l’apprentissage a été évalué scientifiquement. Le dispositif d’évaluation consiste à donner à un groupe d’étudiants un texte à apprendre et à un second groupe le même texte mais dans lequel on insère des questions (type : Pourquoi ? Comment ? …). On évalue ensuite les informations retenues. Les groupes ayant la version avec les questions insérées retiennent plus d’éléments du texte.
Ensuite, élaborer des explications oblige à invoquer un modèle mental. Si on n’a pas de modèle mental, c’est l’occasion d’en générer un.
(Dunlosky et al., 2013)
3. Expliquer à quelqu’un
Expliquer ce qu’on apprend à quelqu’un est une excellente façon d’apprendre. Elle nous force à récupérer les informations en mémoire et à élaborer des explications. Notre interlocuteur nous procure un retour d’information et nous pose des questions qui peuvent challenger nos modèles mentaux.
La conséquence est quelque peu ironique : l’individu qui sort du cours avec le plus de bénéfices sur son apprentissage est souvent l’enseignant. Il récupère ses informations, élabore des explications, répond aux questions, etc. Il renforce donc ses modèles mentaux et ses connaissances qui deviennent de plus en plus profonds, durables et automatisés.
Prendre du temps pour aider ses camarades en difficulté, donner des cours, réexpliquer des notions à des collègues, faire du tutorat, enseigner, n’est pas du temps perdu pour vos apprentissages, c’est du temps gagné !
Ceci explique l’intérêt de nombreuses méthodes pédagogiques actives : classe renversée, correction et apprentissage par les pairs, …
N’oubliez Jamais que
- Parmi les méthodes d’apprentissage qui stimulent les modèles mentaux :
- La carte conceptuelle aide à hiérarchiser l’information
- La récupération consolide les modèles mentaux
- Se poser des questions sollicite les modèles mentaux
- Élaborer des explications permet un développement plus complexe des modèles mentaux
- Expliquer à quelqu’un permet tout ça avec un feedback supplémentaire
Bibliographie
Dunlosky, J., Rawson, K. A., Marsh, E. J., Nathan, M. J., & Willingham, D. T. (2013). Improving Students’ Learning With Effective Learning Techniques : Promising Directions From Cognitive and Educational Psychology. Psychological Science in the Public Interest, 14(1), 4‑58. https://doi.org/10.1177/1529100612453266
Hattie, J. (2012). Visible learning for teachers : Maximizing impact on learning. Routledge.
Karpicke, J. D., & Blunt, J. R. (2011). Retrieval Practice Produces More Learning than Elaborative Studying with Concept Mapping. Science, 331(6018), 772‑775.