fbpx

Distinguer différents types de mémoire

Objectif

Maintenant que vous connaissez mieux la relation entre apprentissage et mémoire, nous allons voir comment différents types de mémoire sont liés à différents types d’apprentissage.

Classification selon la durée de vie et la capacité de stockage

Mémoire sensorielle

La découverte des mémoires sensorielles date des années 1960 et des travaux de Sperling. Les mémoires sensorielles (la mémoire visuelle, la mémoire auditive, la mémoire kinesthésique) stockent les informations sensorielles afin de permettre leur traitement par le Système 1. La durée de stockage de ces informations est extrêmement courte, de 30 à 250 ms. Ces informations sont traitées rapidement, automatiquement et inconsciemment par le Système 1. Seule une infime fraction de ces informations, jugée pertinente par le Système 1 est envoyée dans la mémoire de travail pour être présentée au Système 2. (Lieury, 2003; Meunier, 2019)

about:blank

Mémoire de travail

La mémoire de travail sert au traitement de l’information par le Système 2. C’est la mémoire de ce qui se passe à l’instant présent dans notre conscience. Elle ne contient que très peu d’espace. On ne peut pas y stocker plus de 7 éléments différents. Quand elle est pleine, l’arrivée d’une nouvelle information en chasse une autre. Ces informations proviennent soit de la mémoire sensorielle, soit de la mémoire à long terme. La durée de vie de ces informations est de quelques secondes seulement, mais on peut les maintenir plus longtemps par la répétition. Nous parlerons plus amplement de cette mémoire dans le module « Rester concentrer dans un monde hyperconnecté ».

Mémoire à long terme

Notre mémoire à long terme regroupe toutes les informations qui résistent à l’épreuve du temps et qui tiennent plus que quelques secondes dans notre mémoire. Les informations qu’elle contient sont donc très hétérogènes en termes de durée de vie. Certaines restent quelques minutes, d’autres plusieurs dizaines d’années. Ces informations évoluent aussi dans le temps : des souvenirs peuvent être transformés, d’autres ne laissent qu’une faible trace dans la mémoire. Leur durée de stockage dépend en fait de la consolidation des traces mnésiques, comme nous le découvrirons peu à peu dans cette formation.

Mémoire à long terme et consolidation

Le Système 2 déploie des efforts et des stratégies pour enseigner au Système 1 les informations à consolider dans la mémoire à long terme, comme relire X fois un cours pour le mémoriser. Mais le tri entre les informations à stocker et les informations à oublier est réalisé par le Système 1, qui n’en fait pas de « rapport » au Système 2Le Système 2 a donc besoin de recevoir un enseignement à ce sujet, et c’est l’objet même de cette formation.

Notre Système 2 sait retenir des informations à court terme, voire raisonner avec des éléments précis dans la mémoire de travail. Mais c’est le Système 1 qui tient les clés de la mémoire à long terme.

Sachez dans un premier temps qu’une grande partie de cette consolidation est réalisée pendant le sommeil. Il est donc primordial de dormir suffisamment pour consolider ses apprentissages.

Classification selon la nature des informations

La mémoire déclarative

Les propriétés que nous avons découvertes par un jeu subtil d’essais-erreurs étant bébé vont être rattachées à des mots à l’âge adulte. Cette mémoire particulière est appelée la mémoire déclarative. Elle comprend les évènements passés et les connaissances apprises que l’on peut décrire par un discours. Elle inclut nos souvenirs personnels (ou mémoire épisodique) ; et nos connaissances générales et croyances sur le monde (autrement dit la mémoire sémantique). De plus, la mémoire déclarative peut être prospective afin de nous projeter dans le futur pour se fixer des objectifs et accomplir des projets à long terme. Elle nous permet ainsi d’anticiper de possibles obstacles et de prévenir des erreurs.

C’est la mémoire sémantique qu’on enrichit lorsqu’on apprend des connaissances, et la mémoire prospective lorsqu’on fait des projets.

Grâce au langage verbal, la mémoire déclarative très utilisée par le Système 1 reste accessible au Système 2. Les intuitions et impressions fabriquées par le Système 1 sont souvent transmises au Système 2 par cette petite voix intérieure qui nous dit « N’oublie pas tes clés », « Savoure cet instant magique » ou encore « Dépêche-toi tu vas être en retard ». Le Système 2 peut également faire des efforts de mémoire pour retrouver des informations telles que « Quels sont mes premiers souvenirs d’enfance ? », « Pourquoi j’ai choisi de faire des études de médecine ? » ou encore « Quelle est la capitale des États-Unis ? ».

La mémoire procédurale

Il existe un autre type de mémoire : la mémoire des savoir-faire. On l’appelle la mémoire procédurale parce qu’elle contient les procédures pour accomplir des tâches. On peut la comparer à des programmes d’ordinateurs ou à des applications de smartphone. Vous n’avez pas d’application smartphone pour faire le café ou pour faire cuire les œufs ?  Ce n’est pas grave. Votre Système 1 sait le faire sous la discrète surveillance du Système 2. Avez-vous une idée du nombre de muscles et de la précision des mouvements nécessaires à la réalisation d’un œuf sur le plat sans casser le jaune ? Vous n’avez pas besoin de le savoir : votre Système 1 s’occupe de tout.

Apprenez à votre neveu de 5 ans à faire autant. Ça lui demandera un grand effort d’attention et plusieurs essais. Passez quelques jours à lui enseigner ce geste et vous observerez alors son aisance se développer. Il ne tirera plus la langue, ses gestes seront plus propres et sa force sera mieux dosée. Une partie du contrôle et des corrections effectuées par le Système 2 va se diffuser dans les automatismes du Système 1.

Nous avons vu que le raisonnement élaboré par étapes nécessite l’engagement du Système 2. Mais le Système 1 travaille tel un bibliothécaire à l’archive et à la récupération des procédures régulièrement utilisées. La résolution de tête de 32×14 demande un effort important, mais la procédure de résolution vous vient intuitivement à l’esprit : l’ordre de résolution est archivé sous forme de « connaissance procédurale ».

C’est la mémoire procédurale qu’on enrichit lorsqu’on apprend des savoir-faire dans les « matières à exercices » comme on dit entre étudiants, lorsqu’on apprend à appliquer des méthodes pour résoudre des problèmes. On s’en sert aussi pour apprendre les bons gestes pratiques lorsqu’on est infirmier, musicien ou mécanicien.

Les compétences

L’effort et l’attention du Système 2 sont indispensables à l’apprentissage. Sous l’influence de certains facteurs que nous verrons, le Système 2 délègue de plus en plus d’éléments au Système 1 et l’exécution des tâches s’automatise de plus en plus. C’est ainsi qu’on passe des capacités, ce qu’on peut potentiellement faire à peu près correctement avec un effort et une attention soutenue, aux compétences, ce qu’on fait bien avec un effort modéré, jusqu’à l’expertise, ce qu’on fait de façon excellente avec aisance. Développer ses compétences combine l’acquisition de connaissances (mémoire sémantique) et de savoir-faire (mémoire procédurale).

N’oubliez Jamais que

  • La mémoire n’est pas faite que de souvenirs (mémoire épisodique), mais également de connaissances (mémoire sémantique), de savoir-faire (mémoire procédurale) et d’une représentation du futur probable et de nos projets (mémoire prospective)
  • L’apprentissage fait intervenir tous ces types de mémoire
  • L’apprentissage ne se fait qu’avec l’attention et l’effort soutenu du Système 2 qui manipule les informations dans la mémoire de travail
  • Les secrets de l’archivage des apprentissages dans la mémoire à long terme appartiennent au Système 1

Bibliographie

Lieury, A. (2003). Mémoire et apprentissages scolaires. Ela. Etudes de linguistique appliqueeno 130(2), 179‑186.

Meunier, J.-M. (2019). Mémoires, représentations et traitements—2e éd. Dunod.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *